Une bien belle histoire que celle-là (et complètement véridique)
Perché à 12 m du sol, il a bivouaqué (bivouac forcé !) pendant deux longues nuits très froides et attendu au total presque 72 heures qu'on vienne le délivrer de sa prison de roche ! Et pourtant ! les secours sont passés tout près dès le premier jour mais n'ont pas entendu ses appels au secours. Il est vrai que tombé dans une fissure, celle-là même qui lui a sauvé la vie, ses cris et vocalises restaient hors d'atteinte des secours cherchant désespérément 12 mètres plus bas.
La fissure, il lui doit la vie parce qu'en y tombant, il évite de justesse le plongeon jusqu'en bas. On aurait dit qu'elle était là pour ça. Mieux encore, elle avait permis à une modeste touffe de végétation de prospérer ici, et son atterissage -peut-on parler d'atterissage en pleine paroi- sur ce coussin moelleux avait donc été plus doux. Mais cette fissure était maintenant sa prison. On ne le voyait plus, on ne l'entendait plus, et son espoir était bien mince puisque bien peu de gens passent ici en plein hiver. Il est sur la falaise du Saussois, sur la voie "Tricostéril", tout près du village de Merry-sur-Yonne et pourtant bien loin de la chaleur de son foyer. Après deux jours et deux nuits passées ici, ses réserves sont maintenant bien faibles et baissent encore dramatiquement d'heure en heure. L'agonie est proche...
Mais il y eut un déclic. Quelqu'un l'avait vu tomber. Ou plutôt l'avait entendu. Un petit "toc" insignifiant, comme une pierre qui se décroche, qui cogne le rocher, mais qui curieusement ne rebondit pas jusqu'en bas. Et ce minuscule souvenir dans la tête d'un grimpeur -son sauveteur en fait- va s'imposer : si il n'est pas au pied des voies, c'est qu'il est plus haut dans une fissure ou une anfractuosité quelconque, surement tout près de là ou trois jours plus tôt il a cru entendre tomber quelquechose qui n'est pas allé s'emmietter en bas ! On tente une deuxième et dernière tentative de secours. Depuis le haut, cette fois. Descente en rappel. Et quelle surprise : parvenu à 5 mêtres de lui, on dédecte enfin sa sonnerie ! Ah oui, j'avais oublié de vous dire, "il" est un téléphone portable...